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@ La Quinta
23 mai 2008

SARKOLANGUE

Pour une large majorité de gens, la langue, la syntaxe, la sémantique, sont des trucs gonflants qu'on nous oblige à étudier à l'école, allez savoir pourquoi.
Une fois libérés de cette contrainte, mis à part les quelques littéraires pur sucre (dont je suis) qui décident de continuer dans un parcours universitaire ou personnel, cette expédition au coeur de la langue, de ses méandres, de ses effets, de ses secrets, combien sous-estiment dramatiquement la force et le pouvoir des mots? Une force d'autant plus puissante qu'elle est non seulement dans les mots eux-mêmes, mais aussi dans leur association, dans leur articulation. Et aussi dans le non-dit.

C'est bien dommage.

Car aujourd'hui, si nous acceptons avec plus ou moins de fatalisme de vivre dans une société d'hyper-communication, ne pas avoir toutes les clés de compréhension nous livre, pieds et poings (et neurones) liés, à la merci des manipulateurs d'opinion.

Du genre de ceux qui sont élus avec 53% des voix.

Et qui, un an après, arrivent à peine à afficher un peu plus de 30 % d'opinions favorables, dans les sondages réalisés par les instituts les plus proches du pouvoir...

On frôle l'overdose de Sarko... pourtant, je vous conseille vivement la lecture d'un petit ouvrage acide, original et comme d'habitude tellement bien écrit que c'est un régal, en soi, à lire :

sarkolangue

« Le matin, ma main s’immobilisait à quelques centimètres du bouton de la radio perchée sur le rebord de la baignoire. Ce geste machinal, que j’avais répété sans même y penser des milliers de fois, se heurtait maintenant à une résistance inconsciente. Je n’aurais pas même pu dire, au début, pourquoi j’allumais la radio avec tant de réluctance. Je savais bien qu’il était élu, je savais bien que nous en avions pris pour au moins cinq ans, et qu’il fallait s’y faire… Mais pas moyen d’appuyer sur ce foutu bouton. Et lorsque parfois j’y arrivais, j’éteignais aussitôt. Et ce n’étaient pas les légitimes motifs de révolte, la situation faite aux sans-papiers, les rafles à la sortie des écoles, les enfants terrorisés tombant des fenêtres, qui provoquaient ce rejet, mais la simple accumulation des petites phrases des uns et des autres. Il me suffisait d’entendre tel ou tel membre du gouvernement sortir une sarkonnerie, tel ou tel porte-parole au profil de juvénile batracien balladurien éructer une ode à la gloire du Président, pour ressentir un profond malaise, et la conviction qu’il me fallait éteindre le poste. Pur réflexe animal de sauvegarde. »

Lisez, indignez-vous, riez (un peu) aussi... après SARKOLANGUE vous n'entendrez plus leurs discours de la même façon!
Enfin le jour où j'ai -depuis le temps qu'il m'en parlait!- pu tenir le livre entre mes mains, j'ai été touchée de trouver, en page 171 et en très bonne compagnie, mon nom... Merci à toi Dr Justice !

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Commentaires
N
je suis ENTIEREMENT d'accord avec toi !!! quand j'ai entendu un de mes amis proche dire de ma fille qui passe un bac littéraire "pfff elle va finir par bosser dans une mutelle ou avec une licence d'espagnol" ça me revolte !!! Vive le littéraire, vive les mots qui ne sont pas assez étudiés à l'école, notament dans les filières manuelles et qui (à mon avis) creuse le fossé social. <br /> Moi non plus z'aime pas son langage à ce sarko poil au dos ;)
N
Non, je ne suis pas seule... !!! Ca m'a fait du bien de lire tes quelques lignes.<br /> A bientôt.
M
le p'tit-bonhomme-jaune-comme-un-coing qui "cause la france" !
O
Je partage ton amour des mots, à tel point que j'ai abandonné il y a peu mon pda adoré pour renouer avec mon filofax chéri et je redécouvre les plaisir du crayon à papier et de l'écriture en direct, sans clavier...<br /> Mon métier me fait associer les gestes aux mots et c'est du pur bonheur, un voyage dans le (non)aurement dit!!!
P
Merci pour ce petit texte bien rafraichissant et à la fois enrichissant. J'adore les mots et souvent ils me le rendent bien...
@ La Quinta
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