En toute franchise...
Nicolas Sarkozy a commencé à en parler en 2000, en expliquant que c’était le moyen indispensable de « res-pon-sa-bi-li-ser » les malades.
C’est vrai… c’est pénible, à la fin, ces gens qui ont du diabète, un cancer, un infarctus, même la grippe ou une angine. Des égoïstes qui ne pensent même pas aux comptes de la sécu.
Ensuite, Douste-Blazy nous a expliqué, en 2004, que si ça continuait (parce que figurez vous que malgré les mises en garde, les gens continuent à être malades) il faudrait mettre en place ces fameuses « franchises ». Qu’il évaluait à l’époque à « quelques centaines d’euros par an ».
« Quelques centaines». Euh… 2… 5… 20…? Bon, on ne va pas chipoter sur les chiffres.
Après son élection, Nicolas Sarkozy a reparlé des franchises (normal, c’était dans son programme) pour «résorber le trou de la sécu ».
Environ 850 millions d’Euros d’économies attendues… pour résorber un trou de 12 milliards? Admettons…
Ensuite, cet été, Nicolas Sarkozy annonce que ces 850 millions de « recettes » (essayez d’expliquer à votre banquier que des « économies » sont des « recettes » pour de nouvelles dépenses. Vous allez vous payer une bonne tranche de rigolade tous les deux) serviront à financer la recherche sur la maladie d’Alzheimer.
Bizarre… La logique de « responsabilisation » des malades on comprend. Enfin… ils seront toujours malades mais se soigneront moins. Ce qui coûtera plus cher parce qu’ils seront plus malades. Mais disons qu’avec ceux qui mourront plus tôt parce qu’ils ne se seront pas soignés ça fera peut-être une moyenne.
Par contre, faire payer les malades pour financer la recherche sur Alzheimer, je ne sais pas pour vous… mais moi j’ai du mal à comprendre. Sur un plan humain, ça ressemble à une double peine : vous êtes malade, eh bien vous allez, en plus, payer pour Alzheimer (et pourquoi les bien portants ne paieraient pas pour Alzheimer, eux? Pourquoi QUE les malades?).
En plus, financièrement… Si l’on compare les dépenses de santé au niveau international, on constate que les pays qui maîtrisent le mieux leurs dépenses de santé sont les pays qui les socialisent le plus. Et vice-vera, le champion du monde d'augmentation des dépenses étant les USA... où pourtant des millions de gens sont exclus des soins.
Alors on le résorbe comment, ce trou, en fin de compte?
On se résume : les franchises, on ne comprend pas à quoi ça sert, ça va coûter cher aux malades (c'est-à-dire nous), à la sécurité sociale, et le trou de 12,7 milliards est toujours là. En plus c’est impopulaire.
Pourquoi le gouvernement s’obstine-t-il à ne pas céder sur cette mesure? Interrogation à croiser avec une autre : alors que les recettes existent, et que la sécu pourrait même être excédentaire, le gouvernement fait-il exprès de laisser ce vilain trou de 12, 7 milliards?
Au risque de priver les français de leur sécurité sociale?
Au risque de passer pour mauvais gestionnaire (c’est un peu ce que dit le rapport de la cour des comptes…)?
N’est-elle pas là, la vraie question... en toute franchise!